"Les stratégies de contenu en vogue dans le monde des médias, ainsi que celui des technologies, s'imposent aussi dans le monde de l'immobilier.
Presque aucun groupe de medias ne se contente aujourd'hui d'une stratégie d'infrastructure et les acteurs de référence des technologies ont fait évoluer leurs offres depuis quelques années déjà pour offrir des services à valeur ajoutée sous forme de location, et non plus vendre des boîtes vides.
Au regard de ce qui s'est passé dans le commerce, et qui a amené à repenser plus qu'adapter le commerce traditionnel, en particulier sous la pression d'internet, mais aussi les nouvelles attentes des clients, on doit aujourd'hui réfléchir aux évolutions à venir des bureaux et du résidentiel sous les pressions du coworking et du coliving.
La redéfinition totale des espaces de travail aura un impact tout autre que l'aménagement d'open spaces en lieu et place des bureaux historiques de la fin du siècle dernier. Cette tendance initiée par les demandes des start-up a aujourd'hui trouvé une demande forte auprès des indépendants, artisans de plus en plus nombreux. Sous peu, les groupes envisagerons de laisser leurs entités décentralisées évoluer vers ce type de structures permettant à leurs collaborateurs distants de travailler dans des espaces mutualisés, dotés des services indispensables, à deux pas de chez eux. Cela semble le compromis idéal entre des déplacements au bureau de plus en plus pénibles et fatigants et le télétravail dans un domicile par toujours adapté.
Parallèlement, la résidence historique va elle aussi évoluer, en priorité pour certaines populations comme les étudiants d'une part et les seniors d'autres part. En effet, dans les deux cas, on observe des évolutions sociologiques similaires : un allongement significatif de la durée de ces étapes de la vie, la recherche d'habitats adaptés avec des services associés, le besoin de rompre avec l'isolement en rejoignant des habitats collectifs avec la volonté de partager des espaces et des services...
C'est ainsi que les résidences étudiants et les résidences seniors préfigurent l'habitat de demain et ce que sera la vague du coliving.
Il y a trente ans, la cité U était un espace réservé aux élèves boursiers, et la piaule de l'étudiant en diffus était l'offre recherchée par tous. Il est impressionnant de voir comment, en quelques années, le modèle de la résidence étudiants s'est enrichi et sophistiqué. De nouvelles innovations apparaissent régulièrement, notamment pour s'adapter aux comportements nomades des nouveaux étudiants. Quel étudiant ne préfèrerait pas aujourd'hui rejoindre une résidence dotée de toutes les commodités et facilités, permettant de partager des espaces communs généreux, tout en lui offrant un espace privatif totalement adapté lui permettant de travailler, et ce plutôt qu'une piaule en ville ?
De la même manière, les résidences seniors ancienne génération, offres immobilières de base dotées de très peu de services, n'étaient pas très attractives ; l'essentiel des seniors préféraient rester dans un domicile historique devenu inadapté au fil du temps, s'isolant ainsi de plus en plus. La nouvelle génération de résidences seniors faisant la part belle aux services et s'inspirant plus de l'hôtellerie que de la maison de retraite, touche une part de plus en plus importante de cette population qui aspire à un nouveau chez soi, tout en rejoignant une communauté et en retissant un lien social fondamental.
Pour les acteurs importants du monde de l'immobilier que sont les investisseurs institutionnels, il est important de s'interroger sur ces tendances. La relation duale investisseur/promoteur va évoluer vers une relation à trois, impliquant un exploitant/gestionnaire, capable d'apporter les services à valeur ajoutée, d'assumer la gestion du diffus, de porter le risque de remplissage et d'image, de s'engager dans la durée.
Il faut pour cela qu'une demande s'établisse, et qu'un espace permette à ces gestionnaires de développer ces nouvelles offres de contenu. C'est déjà le cas aujourd'hui pour les logements étudiants et seniors, le modèle du logement touristique évolue très vite avec l’apparition de nouveaux intermédiaires et de nouveaux usages. Les espaces de travail vont eux aussi évoluer très rapidement.
Le groupe Duval a de longue date, au-delà de ses activités de développement et d'investissement, misé sur des activités d'exploitations (étudiants, santé, tourisme, seniors, golf...). Notre groupe familial a anticipé l'évolution du commerce en s'impliquant notamment sur le développement des retail parks, répondant aux nouvelles attentes des consommateurs. Nous sommes aujourd'hui totalement investis sur l’évolution de la demande des seniors et des étudiants, en élaborant des offres tout à fait innovantes. Nous sommes convaincus que l'immobilier de contenu va s'imposer comme un modèle durable. "
Tribune de Marc Lebreton paru dans Business-Immo ce vendredi 20 octobre :
https://www.businessimmo.com/contents/90003/vers-l-immobilier-de-contenu